Préparer son chien à la pension : surmonter le stress et l’anxiété de séparation

29 août 2025

Pourquoi certains chiens souffrent-ils du stress de séparation ?

L’anxiété de séparation n’a rien d’anormal chez le chien. D’après l’Institut de Recherche en Comportement Animal (IRCA), près de 20 à 40 % des consultations en comportement canin concernent ce sujet (INRAE). Cela montre combien l’attachement à leur famille humaine est vif.

Les chiens sont des animaux sociaux, habitués à vivre en groupe. Être éloigné de leurs référents provoque parfois perte de repères, peur de l’abandon, et dans certains cas des comportements problématiques (destructions, vocalises, malpropreté). Certains facteurs accentuent leur sensibilité :

  • Expériences précoces (chiots sevrés trop tôt ou chiens ayant vécu des séparations brutales)
  • Antécédents d’abandon
  • Grande dépendance affective vis-à-vis d’un humain
  • Manque d’habitude à la solitude

Le rôle du maître est alors central : apprendre à anticiper et désamorcer le stress de façon positive et graduelle.

Repérer les signes du stress chez le chien avant une séparation

La plupart des chiens montrent des signaux d’inconfort bien avant qu’une crise n’éclate. Certains sont subtils, d’autres plus évidents. Les connaître, c’est mieux prévenir l’escalade. On observe fréquemment :

  • Agitation ou hyperactivité inhabituelle
  • Gémissements, aboiements, ou hurlements lors des départs/retours
  • Refus de manger, perte d’appétit
  • Recherche constante de contact physique
  • Destruction d’objets, notamment près des portes ou fenêtres
  • Problèmes de malpropreté temporaire
  • Léchage excessif ou comportement d’auto-apaisement (baîllements, halètements)

Certains chiens expriment des signaux d’anxiété dès qu’ils voient leur valise ou leurs affaires de pension. Il est donc judicieux d’observer ces manifestations plusieurs jours, voire semaines avant le départ prévu.

Mettre en place une préparation adaptée avant la pension

Une préparation sur mesure avant le séjour est la meilleure garantie de bien-être, pour votre animal mais aussi pour vous. Voici les étapes essentielles à respecter.

1. Habituer progressivement à la séparation

  • Simuler de courtes absences : Commencez par vous absenter quelques minutes puis allongez la durée progressivement. Pas besoin de mise en scène dramatique ni d’au revoir interminables.
  • Laissez à votre chien des distractions lors de vos absences : Jouets à mâcher, tapis de fouille, ou ‘Kong’ garnis de nourriture incitent votre compagnon à s’occuper autrement qu’en attendant votre retour.
  • Travailler la solitude… même quand vous êtes à la maison : Fermez une porte, restez dans une autre pièce, montrez à votre chien qu’il peut se détendre sans surveillance.

2. Familiarisez votre chien avec la pension

  • Visites préalables : Si possible, organisez des visites ou des demi-journées test à la pension. L’idéal est que le chien associe ce lieu à des expériences positives (jeux, friandises, caresses des soigneurs).
  • Laissez-lui un objet ‘de la maison’ : Son coussin, un tee-shirt avec votre odeur, ou un jouet favori lui procureront un sentiment de continuité rassurant.

3. Conservez vos routines rassurantes

  • Gardez les mêmes heures de repas, balades ou jeux dans les jours précédant le départ.
  • Évitez les grands changements de dernière minute (nouveau régime, nouveaux horaires ou trop d’excitation).

Conseils pratiques pour apaiser l’anxiété lors du séjour en pension

Il existe plusieurs méthodes validées par les vétérinaires comportementalistes et éducateurs canins pour apaiser les chiens anxieux, en particulier dans le contexte d’une pension. Voici les plus efficaces :

1. Phéromonothérapie et solutions naturelles

  • Les diffuseurs de phéromones apaisantes (type ADAPTIL®) : Une publication de la Veterinary Behaviourist Society note que l'utilisation de phéromones synthétiques est associée à une réduction de 45 % en moyenne des comportements anxieux pour des séjours de plus d’une semaine (Wiley – Veterinary Behaviour: Clinical Applications and Research).
  • Compléments alimentaires à base de tryptophane, valériane, L-théanine : Utilisés sous suivi vétérinaire, ils favorisent la détente, sans endormir (source : AFVAC).
  • Thérapeutiques naturelles validées : Certaines huiles essentielles (lavande vraie, camomille) en diffusion très légère dans la pièce du séjour sont bénéfiques, mais doivent absolument rester hors de portée du chien et être validées par un professionnel pour éviter les intoxications (SNVEL – Syndicat National des Vétérinaires).

2. Stimulation mentale et physique adaptée

  • Privilégier des balades régulières et actives avant le séjour : un chien fatigué est souvent moins anxieux.
  • Multipliez les jeux d’intelligence ou de recherche (cache-cache, jeux de piste), qui occupent et apaisent l’esprit du chien.

Les besoins de chaque chien diffèrent, mais dans tous les cas, un animal dont l’énergie a été bien canalisée est beaucoup plus serein à l’approche d’un changement de routine.

3. Utilisation raisonnée de l’éducation positive

  • Renforcer le comportement calme à chaque retour ou séparation courte (mot doux, friandise quand le chien est posé).
  • Ignorer les demandes excessives d’attention, sans jamais punir ni gronder.
  • Encourager la prise d’autonomie (laisser le chien s’installer seul dans son panier, lui apprendre à rester tranquille dans diverses pièces).

L’importance du choix de la pension et de la communication avec les professionnels

Toutes les pensions ne se valent pas – loin de là. Une étude du Journal of Applied Animal Welfare Science révèle que le taux d’anxiété chez les chiens varie fortement en fonction de la qualité des interactions humaines, de l’enrichissement proposé et du contexte sonore des structures (JAAWS). Points essentiels à discuter avec les équipes de pension :

  • Le rythme quotidien (promenades, temps de jeux, moments de repos)
  • Le ratio soignant/chien
  • La sensibilité du personnel aux troubles de l’anxiété
  • La présence d’espaces isolés pour les animaux les plus sensibles
  • L’utilisation d’outils de stimulation cognitive (jeux, tapis de fouille, activités d’enrichissement environnemental)

Une communication franche sur le passé du chien (habitudes, difficultés, préférences) est indispensable. Certains établissements proposent même un carnet d’échange pendant le séjour.

Faire face aux situations d’anxiété intense ou persistante : quand demander de l’aide ?

Malgré une préparation minutieuse, certains chiens développent une anxiété forte, qui ne cesse pas après 2-3 jours de pension. Les experts recommandent alors de consulter un vétérinaire ou un comportementaliste canin (Animal Behavior Clinic).

  • Des médicaments temporaires peuvent parfois être prescrits pour soulager un animal en vraie souffrance.
  • Certaines structures travaillent en lien avec des spécialistes pour mettre en place des programmes sur-mesure.

Selon la Fédération Européenne des Vétérinaires de Compagnie (FECAVA), plus de 12 % des chiens accueillis en structure sont identifiés comme sujets à une anxiété de séparation cliniquement significative. Cela rappelle qu’il ne s’agit pas d’un caprice, mais bien d’un point de vigilance permettant d’éviter de vrais traumatismes.

Tour d’horizon des astuces partagées par les familles et les professionnels

  • Réaliser de courtes vidéos ou messages audio pour que le chien entende la voix de sa famille (certaines pensions proposent ce type de stimulation sous surveillance).
  • Laisser à la pension des habitudes ‘sentinelles’ : même jouet, même gamelle, ou friandise spécifique du soir.
  • Programmer un séjour très court avant la première pension, pour tester et ajuster la préparation selon les réactions observées.

Les témoignages de familles montrent une grande diversité de solutions : certains chiens se détendent avec une couverture ‘à odeur’, d’autres sont rassurés par des bruits blancs ou des musiques calmes (‘Through a Dog’s Ear’ est un exemple plébiscité).

Vers une expérience plus sereine : transformer la pension en opportunité d’épanouissement

Pour beaucoup de familles, préparer la séparation reste une source de stress partagée avec leur animal. Pourtant, la pension peut devenir une occasion d’apprentissage positif pour le chien : il s’enrichit de nouveaux contacts, de découvertes olfactives et de situations qui développent son autonomie.

En anticipant, en communiquant avec les professionnels, et en introduisant de petites habitudes rassurantes, il est tout à fait possible de limiter voire d’effacer les signes de stress et d’anxiété de séparation. Un chien bien préparé à la pension est, comme son maître, plus heureux et équilibré.

N’hésitez pas à échanger vos expériences, à consulter des spécialistes et à considérer cette étape comme un nouveau chapitre éducatif. Entre prévention et bienveillance, chaque séjour en pension peut devenir non plus une source d’inquiétude, mais l’occasion d’offrir à votre chien de belles vacances adaptées à ses besoins.

Sources :

  • INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement)
  • Wiley – Veterinary Behaviour: Clinical Applications and Research
  • SNVEL (Syndicat National des Vétérinaires d’Exercice Libéral)
  • JAAWS (Journal of Applied Animal Welfare Science)
  • Animal Behavior Clinic
  • FECAVA (Federation of European Companion Animal Veterinary Associations)
  • AFVAC (Association Française des Vétérinaires pour Animaux de Compagnie)

En savoir plus à ce sujet :